
Acte VIII : revivez la manifestation bordelaise en photos

Ce samedi 5 janvier, pour l’acte VIII de leur mobilisation, les gilets jaunes bordelais se sont rassemblés en nombre, malgré le froid et le gaz lacrymogène. Retour en photos sur le dernier épisode, dans l’une des villes les plus mobilisées de France.
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En milieu d’après-midi, le cortège s’étend le long de la rue du Château d’Eau, peu avant de rejoindre la place Gambetta. Une fois de plus, l’un des manifestants arbore le drapeau tricolore de la République Espagnole. En lettres noires, le célèbre slogan « No Pasaran », « ils ne passeront pas », prononcé en 1936 par la communiste Dolores Ibarruri pour appeler à la résistance face à la tentative de coup dirigée contre la République. Bordeaux, Rue du Château d’Eau, Samedi 5 décembre, 16h46. Téo Cazenaves pour Le Média.
Ambiance électrique lorsque le cortège croise des policiers et gendarmes qui bloquent l’accès à certaines parties de la ville. « Bravo pour la prime », lancent certains manifestants, amers. Une allusion à la « prime exceptionnelle » de 300 euros annoncée le mardi 18 décembre par le gouvernement, qui bénéficiera à 110 000 policiers et gendarmes mobilisés les semaines passées dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes. Bordeaux, Cours Georges Clémenceau, Samedi 5 décembre, 16h59. Téo Cazenaves pour Le Média
A proximité du Grand Théâtre, à quelques mètres du Cours de l’Intendance et de ses boutiques de luxe, les forces de l’ordre empêchent les manifestants d’accéder à la rue Sainte Catherine, plus longue artère commerciale piétonne d’Europe. Face aux CRS, une manifestante brandit une pancarte contre l’usage des lanceurs de balle de défense (LBD 40). Lors des précédentes manifestations, on dénombre à Bordeaux au moins une main brisée, une mâchoire fracturée et un œil perdu sous l’effet de cette arme. Pour l’acte VIII, un jeune homme finira la manifestation avec le nez cassé, 9 points de suture et 20 jours d’ITT, sous l’effet d’un projectile (flashball ou grenade), selon nos confrères de Sud Ouest. Bordeaux, Place de la Comédie, Samedi 5 décembre, 17h10. Téo Cazenaves pour Le Média.
Après plusieurs minutes de discussion, les forces de l’ordre finissent par céder et laissent le cortège s’emparer de la rue Sainte-Catherine. L’immense ligne droite donne une idée de la densité du cortège : la préfecture dénombrera 4600 manifestants, contre 6000 pour les organisateurs, soit l’une des manifestations bordelaises les plus importantes. Les passants qui font leurs achats sont depuis huit semaines habitués au cortège fluo et à l’odeur de gaz lacrymogène qui embaume l’hyper-centre tous les samedis après-midi. Bordeaux, Rue Sainte-Catherine, Samedi 5 décembre, 17h25. Téo Cazenaves pour Le Média.
Face à la mairie, la place Pey-Berland est le centre névralgique de la mobilisation des Gilets Jaunes. C’est là que se termine le cortège et que se regroupent les manifestants. Alors que les premières lignes goûtent une fois de plus au canon à eau, les Gilets Jaunes massés à la gauche de la Cathédrale Saint-André ne reculent pas, malgré le froid et les nuages de lacrymo. Bordeaux, Place Pey-Berland, Samedi 5 décembre, 17h44. Téo Cazenaves pour Le Média.
Un homme allume un fumigène, des manifestants ironisent sur la taille du cortège qu’annonceront les médias, conversation rythmée par la bruit régulier des tambours qui accompagnent la manifestation sous les applaudissements. Quelques minutes plus tard, les forces de l’ordre chargent par l’autre versant de la Cathédrale et évacuent la place, tandis que les manifestants se dispersent dans les rues qui quadrillent le cours Alsace-Lorraine. A proximité d’un magasin de sport, le gérant accueille des manifestants aux yeux humides de lacrymo, puis leur permet de sortir par l’issue de secours. Pendant que la BAC, ses casques et ses matraques quadrillent l’hyper-centre, une mère court avec son jeune enfant pour échapper au gaz. Bordeaux, Place Pey-Berland, Samedi 5 décembre, 18h12. Téo Cazenaves pour Le Média.
« Noël à Saint-Tropez, Pâques au gibet ». Sur le mur du Conservatoire de Bordeaux, un slogan fait allusion aux récentes vacances d’Emmanuel et Brigitte Macron dans la station balnéaire varoise, choix singulier tandis que l’effervescence sociale agite le pays. « Griveaux, ta gueule ! ». Le 4 janvier, le porte-parole du Gouvernement, Benjamin Griveaux, avait dénoncé des « agitateurs qui veulent l’insurrection et, au fond, renverser le gouvernement ». Le 5 janvier, la porte de son ministère était enfoncée par des manifestants à l’aide d’une machine de chantier, avant que le ministre ne soit évacué en urgence et ne dénonce « une attaque inadmissible contre la République ». Bordeaux, Conservatoire Jacques Thibaud, Samedi 5 décembre, 15h43. Téo Cazenaves pour Le Média.
« Les flics mutilent et jouent les victimes ». Bilan sordide pour les manifestants bordelais : depuis le début du mouvement, on compte deux mains arrachées, une mâchoire fracturée, un œil perdu, une main brisée ainsi qu’un nez cassé, en plus des nombreuses blessures légères. Lors de l’acte VIII, Antoine B., étudiant de 26 ans dont la main a été déchiquetée le 8 décembre par une grenade GLI-F4, était présent dans le cortège. Bordeaux, Rue Peyronnet, Samedi 5 décembre, 15h45. Téo Cazenaves pour Le Média.
« Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies ». Une allusion à la phrase prononcée par Emmanuel Macron lors de son discours télévisé, le 10 décembre 2018. A droite, en rouge : « Nous voulons la chute du régime », évocation d’un célèbre slogan des révoltes arabes de 2011 : « Le peuple veut la chute du régime ». Bordeaux, Cours de la Marne, Samedi 5 décembre, 15h54. Téo Cazenaves pour Le Média.
« Le grand débat c’est dans la rue ». Sur des toilettes publiques, un anonyme moque la grande consultation que souhaite initier l’exécutif. Un débat national, confié à la Commission nationale du débat public et à sa présidente Chantal Jouanno, dont le salaire de 14 700 euros mensuels est déjà critiqué. Coup d’envoi le 15 janvier. Bordeaux, Place Pey-Berland, Samedi 5 décembre, 18h52. Téo Cazenaves pour Le Média.
Légende : Bordeaux, le 5 janvier 2019
Crédits : Téo Cazenaves pour Le Média
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